Généalogie de la famille Méresse - Facon

Notre Généalogie Familiale

Guidlf (Guildolf) DE BRUGES

Guidlf (Guildolf) DE BRUGES

M - 1218

Information Personnelle

  • Nom Guidlf (Guildolf) DE BRUGES 
    Sexe
    Description du blasonnement D'or à la croix de sable + (voir notes) 
    Image
    de BRUGES_Guidlf_Img.jpg
    de BRUGES_Guidlf_Img.jpg
    Origine de la donnée MERESSE PHILIPPE 
    Origine de la source Recherches sur Louis de Bruges seigneur de la Gruthuyse: suivies de la ... page n° 47 
    Rubrique libre Cri: Plus est en vous 
    Décès 1218  ?, ?, , ?, ?, Trouver tous les individus avec un évènement dans ce lieu 
    Notes 
    • #Générale#Cimier: une tête de bouc entre deux vols, l'und'or, l'autre de sable; tenat: deux licornes d'argent
      L’énigme de la généalogie Gruuthuse:
      des questions et quelques réponses
      Du treizième au quinzième siècle, les seigneurs de Bruges et de Gruuthuse parmi les habitants les plus notables de la ville de Bruges et jusqu’à ce jour leur nom frappe l’imagination. Ils furent les seuls à porter le nom de Bruges, tout en n’étant d’ailleurs pas les seigneurs féodaux de la ville. Leur devise exaltante Plus est en vous, le palais de Gruuthuse et l’oratoire raccordé à l’Eglise Notre-Dame, les activités commerciales des Gruuthuse et la richesse qu’ils acquirent, le rôle qu’ils jouèrent – principalement Louis de Gruuthuse - dans la vie littéraire, artistique, religieuse et culturelle de leur temps, sans oublier leurs activités militaires, diplomatiques et politiques, tout cela fait que les Gruuthuse sont l’objet d’un intérêt qui ne se démentit pas.
      Aucune généalogie fiable
      Il est d’autant plus remarquable que nous ne disposons pas pour cette famille d’une généalogie fiable. Sans doute l’extinction dans les mâles y est-elle pour quelque chose. Jean de Bruges, fils de Louis, se maria à trois reprises avec des filles de la noblesse française. René, son fils, se maria deux fois de même et fut le dernier porteur du nom. Sa fille se maria cinq fois avec des nobles français. Ainsi s’éteignit la famille Gruuthuse et disparurent ou s’éparpillèrent, à la suite de nombreuses successions et déménagements, des archives familiales qui sans nul doute furent importantes et pouvaient en leur temps rivaliser avec par exemple les archives bien gardées d’une autre famille brugeoise, celle des Adornes.
      Cinq généalogistes se sont préoccupés de la filiation des seigneurs de Gruuthuse. Il s’agit de Sanderus et de sa Flandria Illustrata (ed. 1641, t. I, p. 197); du bibliothécaire de la Bibliothèque Nationale, le Brugeois Joseph-Basile Van Praet dans son Recherches sur Louis de Bruges, seigneur de Gruuthuse (…) (Paris, 1831); de F. Van Dycke dans son Recueil héraldique de familles nobles et patriciennes de la Ville et du Franconat de Bruges (Brugge, 1851); de J. J. Gailliard dans son Bruges et le Franc (Bruges, 1857-1864, Tome I); d’Armand de Béhault de Dornon dans son Etudes sur les Seigneurs de Gruuthuse (Annales Société d’Emulation de Bruges, 1928, pp. 5-24) et son Bruges, séjour d’exil des rois d’Angleterre Edouard IV (1471) et Charles II (1656-1658) (Bruges, 1931). Béhault écrivait: La filiation, très sommaire des de Bruges, de 1248 à 1641 que donne Sanderus, est excellente. Les généalogies publiées par Van Dycke, Gailliard, et Van Praet, fourmillent d’erreurs et de lacunes. Son jugement en ce qui concerne les trois derniers était correct, mais il se trompait sur la généalogie Sanderus, qui contenait tout autant d’erreurs. Ajoutons à notre liste la notice biographique sur la famille Gruuthuse par Alphonse Wauters dans la Biographie Nationale, Tome VIII, col. 381-390, qui toutefois n’apportait rien de neuf, s’étant basé principalement sur Gailliard.
      Béhault de Dornon, le plus récent parmi ces généalogistes, aurait-il fait mieux ? Il assurait en tous cas: J’ai établi la généalogie de cette famille d’après un grand nombre d’anciens manuscrits et d’imprimés reposant à la Bibliothèque Royale de Belgique.
      Le résultat auquel il parvint est, reproduit sommairement, comme suit:
      Lambert de Bruges, avec épouse au nom inconnu
      Mentionné comme chevalier en 125
      Guidolf de Bruges x Marguerite de Ghistelles
      Seigneur de Gruuthuse, mentionné en 1248
      Guidolf de Bruges x Gertrude d’Assche
      Seigneur de Gruuthuse, mentionné en 1238 et 1292 (sic)
      Capitaine de Bruges et du Franc de Bruges, chambellan de Guy de Dampierre, comte de Flandre
      Catherine de Bruges x Gérard van der Aa
      Seigneur de Grimbergen, armé chevalier à la bataille de Woeringen en 1288
      Jean I van der Aa x 1) Catherine de Steelant
      2) Marguerite de Dudzele
      Seigneur de Grimbergen et de Gruuthuse
      Mentionné en 1339 et 1381 (sic)
      Bailli de Bruges et du Franc
      Enfant du premier mariage : un Jean II van der Aa, époux de Gertrude de Merode; parmi les enfants du second mariage:
      Jean II van der Aa x Marguerite de Ghistelles
      Chevalier, seigneur de Gruuthuse et de Grimbergen, baron de Spiere, grand veneur de Flandre en 1382, capitaine de Lille
      Jean III van der Aa x Agnès de Mortaigne, dame d’Espierres, veuve de Gérard d’Halluin – mariage en 1389
      Seigneur de Gruuthuse et de Grimbergen
      Agnès de Mortaigne enterrée en l’église des Carmes à Bruges
      Jean IV van der Aa x Marguerite de Steenhuyse, dame d’Avelgem
      Mariage en 1416
      Seigneur de Gruuthuse, Oostkamp, Espierres, Tielt Ten Hove et Alverghem
      Grand veneur de Flandre en 1387, capitaine de Lille, conseiller du duc Philippe le Hardi
      Un diplôme en date du 25 janvier 1389 l’autorise à porter le nom principal ‘de Bruges’, au lieu de Van der Aa.
      Organisa en 1393 le grand tournoi contre Wolfert de Ghistelles
      Louis de Bruges x Marguerite de Borselen
      Né à Bruges en 1402; marié à Vere en 1455; seigneur de Gruuthuse, prince de Steenhuyse, comte de Winchester et Udony, seigneur d’Oostkamp, Avelgem, Hamstede, Beveren, Tielt ter Hove, Espierres;
      Décédé le 24 novembre 1492
      Jean V de Bruges x 1) Marie d’Auxy
      2) Renée de Beuil
      3) Marie de Melun
      Seigneur de Gruuthuse, prince de Steenhuyse, comte de Winchester, baron d’Espierres, seigneur de Tielt, Oostkamp, Avelgem, capitaine d’un régiment d’infanterie, gouverneur d’Abbeville, grand veneur de Flandre, capitaine de Lille, écoutète de Bruges en 1484, conseiller de Maximilien d’Autriche; mort à Abbeville en 1522
      René de Bruges x 1) Béatrice de la Chambre
      2) Marie de Nearvi
      Mort à Bruges le 25 décembre 1572
      Catherine de Bruges x 1) Louis de la Baume, comte de Saint-Amour (mariage le 15/06/1574, 6 enfants, avec descendance e. a. Richardot, Perrenot de Grandvelle, etc.)
      2) Achille de l’Hospital
      3) Charles de Messay
      4) Scipion, marquis de Liane
      5) René de la Haye
      Documents comme fils conducteurs
      La généalogie de Béhault, malgré la belle assurance de son auteur, est truffée d’erreurs et d’invraisemblances. Déjà les trois premières générations, celles de Lambert et des deux Guidolf, auraient été, d’après les dates indiquées, pratiquement du même âge. Il est donc nécessaire de rechercher d’autres informations, plus probantes.
      Charles de Flou (Woordenboek der toponymie) a fait référence à des Gruuthuse des douzième et treizième siècles: Aldo (1159) et Lamsota (1211) et à un Lambert de Gruuthuse (1214), mentionné également par A. Van Lokeren, Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Pierre à Gand (Gand, 1868-71). A Bruges, ce Lambert (à moins qu’il ne s’agisse d’un fils du même nom, eu égard à l’intervalle de près de 35 années) figure dans un registre de Saint-Donat en 1248, à l’occasion du don d’un calice de grande valeur. Nous pouvons donc conclure, avec quelque prudence, à l’existence d’au moins un Lambert de Gruuthuse, qui pourrait avoir vécu de 1180-1190 jusque vers 1250-1255.
      Qu’il y eut deux Guidolf, peut-être même trois est acceptable sur base de données attestées, mais non point aux dates indiquées par de Béhault. Nous indiquons ci-après les données certaines, recueillies dans des chartes, avec indication des pages où se retrouvent leurs références chez Louis Gilliodts-Van Severen, Inventaire des Archives de la ville de Bruges et avec celle du numéro sous lequel elles se trouvent dans Albert Schouteet, Regesten op de oorkonden. Sur ces bases une répartition entre les différents porteurs du nom pourrait être comme suit :
      Guidolf I de Bruges x Marguerite de Ghistelles
      1258 Ghildolf van Brugghe (Gilliodts I, 45)
      Guidolf II de Bruges
      1269 Ghildolve, Ghildolfs zoene van Brugghe (Gilliodts I, 315, Schouteet I, 76).
      Suite à quoi, plus aucune mention jusqu’en 1293. Nous ne pouvons que supposer que Guidolf II était à cette date décédé depuis pas mal de temps.
      Guidolf III de Bruges x Gertrude d’Assche
      1293 Guidolf heer van het Gruuthuse (Gilliodts I, 34, Schouteet I, 292)
      1294 Guidolf van der Brugghe, heer van Gruuthuse (Gilliodts I, 37, Schouteet I, 355)
      1298 Guidolf de Bruges, heer van Gruuthuse (Gilliodts I, 58, Schouteet I, 441)
      1302 Guidolf heer van Gruuthuse (Gilliodts I, 110)
      1332 Ghildolf van Brucghe, heer van Gruuthuse (Gilliodts I, 438, Schouteet II, 564).
      Il ne nous paraît pas plausible de maintenir seulement deux Guidolfs, sur une période de plus d’un siècle, comme de Béhault l’a proposé. D’autant plus qu’il y a la mention en 1269 de Ghildolve, Ghildolfs zoene [Guidolf, fils de Guidolf], qui pose problème. En effet, pour le père il peut difficilement s’agir du même Geldolf qui vivait encore en 1332, à moins qu’il ne fût devenu nonagénaire. La charte de 1269 traitait des conditions auxquelles Geldolf tenait le Petit Tonlieu en fief de Jean de Ghistelles. Il devait donc à cette époque être majeur ou émancipé. S’agissait-il d’un renouvellement d’une convention antérieure, éventuellement établie après la mort de son père ? Etant donné que les chartes s’étalent de 1258 à 1332, les chances qu’il y eut trois et non deux Guidolfs successifs, sont grandes. Le laps de temps le rend plausible : Guidolf I aurait vécu d’environ 1215/1220 jusque vers 1269, Guidolf II d’environ 1240/1245 jusque vers 1300 et Guidolf III d’environ 1265 jusque vers 1335.
      Ainsi l’ensemble de la période serait mieux couvert que dans l’hypothèse de seulement deux Guidolfs. Mais en résolvant ce problème, un autre en résulte. Le Guidolf III peut en effet difficilement être le père de Catherine de Bruges, ‘la fille unique et dernière du nom’ qui aurait épousé Gérard van der Aa. Il faudrait plutôt admettre que cette Catherine (parfois nommée Marie ou Anne) était la sœur de Guidolf III et qu’elle naquit vers 1270.
      Les seigneurs Van der Aa deviennent seigneurs de Bruges
      En acceptant que Catherine ait épousé un van der Aa, il s’agit encore d’indiquer lequel. Il se pourrait que, comme il est mentionné, ce fut avec le Gérard van der Aa fait chevalier à la bataille de Woeringen en 1288, qui serait né vers 1260 et décédé vers 1310, donc encore avant Guidolf III. En acceptant que ce dernier mourut sans enfants, son neveu, Jean I van der Aa, fils de Gérard et de Catherine, peut lui avoir succédé.
      Jean I van der Aa apparaît dans les chartes à partir de 1335, peut-être suite au décès de son oncle Guidolf de Gruuthuse:
      1335: Jan van den Gruuthuse, heer van Erkegem (Gilliodts II, 225, Schouteet II, 700)
      1346: Jan van den Gruuthuse, heer van Grimbergen (Schouteet III, 68)
      1351: Jan van den Gruuthuse, leenhouder van het grafelijke leen van de grute (Schouteet III, 210).
      Il se serait marié successivement avec Catherine de Steelant et Marguerite de Dudzele, qui chacune lui auraient donné un fils au prénom de Jean, l’un demeurant dans les fiefs du Brabant, l’autre reprenant la succession Gruuthuse. Histoire embrouillée et peu crédible… Jean II de Bruges est en principe un descendant du second mariage, mais probablement n’y eut-il pas de Jean du premier. En effet, dans les chartes, autant Jean I que Jean II sont qualifiés aussi bien comme seigneurs de Gruuthuse que comme seigneurs de Grimbergen.
      Que Jean II van der Aa, avait épousé Marie de Ghistelles, comme l’écrit de Béhault, est de toute façon inexact. Les chartes prouvent qu’il épousa Isabelle de Looz d’Agimont:
      1367: comptes de la ville 1367/68: cadeau pour leur mariage
      1372: Jan van den Gruuthuse heer van Grimbergen en Isabelle van Agimont, vrouwe van Hayshove en Eremeys (Gilliodts II, 228, Schouteet III, 597)
      1373: idem (Schouteet III, 608)
      1380: de heer van Gruuthuse (Gilliodts II, 353, Schouteet III, 678)
      1380: Jan van der Aa, heer van Gruuthuse en Grimbergen (Gilliodts II, 353, Schouteet III, 680)
      1380: Jan van der Aa, heer van Gruuthuse (Gilliodts II, 355, Schouteet III, 681)
      1384: Jan, heer van Grimbergen en Gruuthuse, ruwaard van Brugge (Gilliodts III, 14, Schouteet III, 723, 724)
      1384: de heer van Gruuthuse (Gilliodts III, 16, Schouteet III, 733)
      1392: de heer van Gruuthuse (Gilliodts III, 247, Schouteet IV, 180)
      1393: de heer van Gruuthuse (Gilliodts III, 271, Schouteet IV, 201)
      En ce qui concerne Jean II une naissance vers 1335-40 semble plausible, ainsi qu’un décès vers 1400. Certains généalogistes le font mourir en 1389, avec comme conséquence que les chartes de 1392 et 1393 s’appliqueraient à son fils. L’année 1389 est également mentionnée comme celle du mariage de son fils et celle de l’obtention du changement de nom de Van der Aa en de Bruges. C’est tout de même un peu beaucoup en une seule année pour vraiment y croire!
      Comme nous l’exposerons en ce qui concerne le tournoi de 1393, nous croyons que les chartes de 1392 et de 93 se rapportent bien à Jean II. Notons en passant que de Béhault l’indiquait erronément comme baron d’Espierres, seigneurie qui ne vint aux Gruuthuse que par sa belle-fille.
      Dans sa notice pour la Biographie Nationale, Alphonse Wauters a sans doute perçu que quelque chose clochait. Il indiqua deux mariages pour Jean II, d’abord avec Isabelle de Looz Agimont en 1367/68 et ensuite avec Agnès de Mortaigne en 1389, faisant ainsi l’économie d’une génération. Je pense en démontrer plus loin l’impossibilité.
      Jean III van der Aa se serait, toujours d’après de Béhault, marié en 1389 avec Agnès de Mortaigne ou de Mortagne, Dame d’Espierres. Tenant compte du mariage des parents vers 1367/68, ce Jean pourrait être né vers 1368-69, ce qui l’aurait rendu tout juste majeur à son mariage. Les comptes de la ville ne le mentionnent pas, à moins que les chartes de 1392-93 se rapportent à lui, ce que nous croyons peu probable. Les historiens placent sa mort entre 1400 et 1420 et son enterrement dans un caveau à l’église Notre-Dame, tandis que son épouse mourut en 1438 et fut ensevelie auprès des Carmes à Bruges. (V. Vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor 1578, n° 142)
      Jean IV van der Aa, seigneur de Bruges, épousa Marguerite de Steenhuyse, dame d’Avelgem. Ce mariage est généralement situé en 1415/16. Ils furent enterrés à l’église Notre-Dame (V. Vermeersch, o.c., n° 142). Il peut être né vers 1390 et mort après 1440.
      Nous nous basons pour ces dates sur les chartes suivantes:
      1435: Jean de Bruges, seigneur de Gruuthuse, etc., détient le fief nommé Cour de Gruuthuse (Gilliodts II, 13)
      1436: expédition sur Calais, par le seigneur de Gruuthuse capitaine de Bruges (Gilliodts V, 125 en 133)
      1438: nouvelle mention (Gilliodts V, 162)
      Jean IV n’était de toute façon pas seigneur d’Oostkamp, comme l’indique de Béhault. La seigneurie d’Oostkamp ne fut achetée qu’en 1456, par Louis de Gruuthuse.
      Louis de Gruuthuse n’est évidemment pas né en 1402, comme de Béhault le signalait, mais en 1422. Il épousa Marguerite van Borselen en 1455. Lui mourut en 1492, elle en 1510. A son sujet les informations biographiques sont nombreuses, mais même pour ce plus important parmi les Gruuthuse ces informations sont parfois contradictoires.
      Le grand tournoi de 1393
      Revenons à Jean II van der Aa, seigneur de Gruuthuse et ce au sujet du Grand Tournoi qui se tint le 11 mars 1393 et dont l’organisation a toujours été attribuée à Jean IV, le père de Louis de Gruuthuse. Il s’agit pourtant d’une impossibilité. Il faudrait en effet admettre que Jean IV naquit au plus tard en 1377. Et encore, est-ce plausible qu’un gamin de seize ans ait organisé un tel tournoi, opposant cinquante chevaliers de haute lignée à cinquante autres? S’il était en effet né en 1377 ou plus tôt, il aurait eu au moins quarante-cinq ans à la naissance de Louis, ce qui n’est pas impossible, mais tout de même improbable. Nous arriverons à la conclusion qu’au moment du tournoi de 1393, Jean IV n’était pas encore né ou s’il l’était, se trouvait encore tout à fait en bas âge.
      Dans notre livre Het ridderlijk gezelschap van de Witte Beer (2000) nous sommes arrivés à la conclusion que non le père, ni même le grand-père de Louis de Bruges ne furent l’organisateur du tournoi de 1393, mais bien l’arrière-grand-père, Jean II. Pourquoi pas le grand-père Jean III, qui à l’époque avait entre vingt et trente ans ? Parce que le tableau donnant les armes de tous les participants, donne Guidolf et Jean, deux fils donc de Jean II, comme deux des cinquante participants, dans le camp des Gruuthuse. Au-dessus de ces cinquante écussons, trône celui de Gruuthuse, le chef. Il serait téméraire de penser, comme on semble l’avoir fait, que les armes du chef, étaient encore une fois répétées pour indiquer le même parmi les cinquante participants de son camp. Il n’en est rien : les armes de Jean II se trouvent en grand format au-dessus de ceux de son groupe, tout comme celui de son opposant Jean de Ghistelles se trouve au-dessus de ceux de son camp. Les deux armes Gruuthuse en plus petit, indiquent dès lors les fils Guidolf et Jean. Toute autre explication serait saugrenue.
      Ceci nous amène à croire que Jean II vivait encore en 1393. Il avait alors à peu près cinquante ans, avait récemment tenu la fonction de gouverneur de Bruges et était conseiller du jeune duc Philippe le Hardi. Il était de toute façon expert en opérations militaires et en tournois, tandis que son autorité et sa réputation lui permettaient de se trouver à la tête d’un groupe de cinquante chevaliers de haut lignage.
      Louis de Gruuthuse: 1422 ou 1427
      Louis de Gruuthuse est-il né en 1422 ou en 1427 ? Joseph-Basile van Praet indiquait qu’à sa mort en 1492 il avait environ soixante-dix ans, ce qui situait sa naissance vers 1422. Il n’indiquait pas sur quelles données il se basait. Mise à part l’erreur flagrante de Béhault les autres généalogistes l’ont suivi, sauf un ou deux qui ont indiqué 1427, date que d’ailleurs Van Praet avait également retenu. Pour cette dernière date il n’y a pourtant pas d’éléments évidents. Ses parents se marièrent en 1416 et il semble logique de penser que le peu d’enfants qu’ils eurent, leur vinrent plutôt dans les premières années de leur union. Pourtant, dans la publication la plus récente consacrée à Louis de Bruges, Lodewijk van Gruuthuse, mecenas en Europees diplomaat 1427-1492 (Brugge, 1992) l’auteur Maximiliaan P.J. Martens a écrit: Nous ignorons la date de sa naissance. Il est mentionné une première fois en mai 1443 en tant que participant au tournoi de l’Ours Blanc, la festivité chevaleresque annuelle qui avait été remise à l’honneur par son père le 11 mars 1392.Louis avait sans doute seize ou dix-sept ans lorsqu’il obtint un prix au tournoi de 1443. C’était en effet l’âge auquel les jeunes nobles se mettaient à pratiquer ce jeu. Aussi pouvons-nous situer la naissance de Louis de Gruuthuse vers 1427.
      Le Grand Tournoi dont question eut lieu en 1393 (soit le 11 mars 1392 vieux style) et comme organisateur du camp Gruuthuse, nous pensons l’avoir démontré, il y a lieu d’indiquer l’arrière-grand-père et non le père de Louis. En outre, ce tournoi n’avait rien à voir avec la société de l’Ours Blanc, ni avec les joutes annuelles que celle-ci organisait, telle celles de 1443. Il n’y a d’autre part aucune indication que Jean IV (ou éventuellement Jean II ou III) ait ranimé la société en question à la fin du quatorzième siècle.
      En examinant l’âge de participation aux tournois de l’Ours Blanc dans le chef de plusieurs d’entre eux dont la date de naissance est connue, nous avons constaté qu’une première participation se situait plutôt vers l’âge de vingt et un ans ou quelque peu au-delà. Martens s’est basé sur l’étude citée de Joseph Van Praet sur Ferdinand Van de Putte Recherches sur l’origine et la nature de la société dite confrérie de l’Ours Blanc (Annales Soc. d’Emulation de Bruges, 1839), mais il s’agit là d’auteurs peu convaincants en la matière. Né en 1422, Louis de Gruuthuse avait donc en 1443 tout juste atteint l’âge de vingt et un ans et il n’y a pas lieu de voir en lui un garçon précoce qui aurait déjà dès l’âge de seize ans jouté avec ses aînés. Il a lieu d’ajouter qu’en l’année 1443 il ne participa pas aux joutes proprement dites mais à une espèce de ‘séquelle’, une joute non-officielle, qui regroupait quelques chevaliers avides de poursuivre les petites batailles. Il en fut remercié par l’octroi d’une espèce de prix de courtoisie, offert à un ‘chevalier du dehors’, c'est-à-dire non-membre de la société.
      La mort de Louis de Gruuthuse
      Ajoutons un mot au sujet de la date de décès de Louis de Gruuthuse. Tous les auteurs s’accordent pour mentionner le 26 (parfois le 24) novembre 1492. Nous ignorons la ou les sources pour cette date, personne ne l’indique. En revanche, nous avons connaissance d’une date différente, celle du 26 janvier 1492. Comme il s’agit du vieux style, cela voudrait dire que le décès n’eut pas lieu fin 1492 mais deux mois plus tard, début 1493. Notre source est le Mémorial des Pauvres Claires Colettines à Bruges. Ce livre débute avec un écrit par Catherine de Longueville, la première abbesse du couvent de Bruges. Il ne s’agit pas du texte original, mais d’une copie du 17ième siècle, complétée d’informations ultérieures. En ce qui concerne Gruuthuse et son épouse la chronique indique: “et trespassa l’an de Notre S. 1492, le 26 de janvier et Madame son épouse l’an 1510, le 9e jour d’aoûst “. Si le texte a été en effet transcrit exactement, cette date différente n’est pas à négliger sans plus. En effet, pour les religieuses, la date exacte d’un décès avait de l’importance, puisque c’était celle à laquelle elles commémoraient leurs bienfaiteurs.
      En contradiction avec le livre des Pauvres Claires de Bruges, la date du 24 ou 26 novembre est donnée dans deux écrits assez dignes de foi, la chronique par Rombout De Doppere d’une part, l’Excellente Cronicke d’autre part. D’après le manuscrit De Hooghe, le monument funéraire, depuis disparu, portait la date du 26 novembre. Quoi qu’il en soit, quelque doute demeure, mais nous reconnaissons qu’une différence de deux mois n’a pas vraiment de grande importance en la matière.
      Une tentative de généalogie
      De ce qui précède l’on pourra conclure qu’en ce qui concerne cette famille importante, qui pendant deux siècles joua un grand rôle à Bruges et en dehors, les informations sont peu nombreuses et en plus contradictoires, voire fautives. Formons l’espoir qu’un jeune médiéviste puisse s’atteler au travail jamais fait d’exhumer des archives des comtes de Flandre et des ducs de Bourgogne, de celles du Franc de Bruges, de Lille et d’ailleurs, de celles des seigneuries ayant appartenues aux Gruuthuse, tout ce qui concerne les membres de cette famille. Ce qui permettrait de les appréhender à travers les générations, avec plus d’exactitude. De telles recherches pourraient même peut-être parvenir à retrouver certaines parties des archives familiales disparues.
      En conclusion nous tentons d’établir une généalogie amendée, jusqu’à Louis de Gruuthuse. Des incertitudes demeurent. Le problème des Guidolfs – étaient-ils deux ou trois – n’est pas tout à fait résolu. Il y a pu y avoir, d’autre part, des mariages et des naissances précoces ou tardifs, certains parmi les Gruuthuse ont pu mourir tôt et d’autres tard. A défaut de plus amples renseignements, une moyenne d’une trentaine d’années par génération est à prendre comme calcul raisonnable. L’hypothèse qui suit nous semble dès lors une base acceptable pour de plus amples recherches.
      Lambert de Bruges et de Gruuthuse (± 1190 - ± 1255)
      Guidolf I de Bruges et de Gruuthuse (± 1215/20 - ± 1269) x Marguerite de Ghistelles
      Guidolf II de Bruges et de Gruuthuse (±1240 –±1300) x Gertrude d’Assche
      Guidolf III de Bruges et de Gruuthuse (1265/70 – ±1335)
      et
      Catherine (ou Marie ou Anne) de Bruges (1265/70 – ±1320) x Gerard van der Aa (1260-1310)
      Jean I de Gruuthuse et van der Aa (1290/1295 - ± 1360)
      1)x Catherine de Steelant
      2)x Marguerite de Dudzele
      Jean II de Gruuthuse et van der Aa (1335/40 - ± 1400) x Isabelle de Looz Agimont
      Jean III de Gruuthuse et van der Aa (± 1368/69 – voor 1420) x Agnès de Mortaigne, Dame d’Espierres, veuve de Gérard d’Halewyn, morte 3/08/1438, enterrée aux Carmes de Bruges
      Jean IV de Gruuthuse et de Bruges (± 1392 – après 1440) x Marguerite de Steenhuyse, Dame d’Avelgem
      Louis de Gruuthuse (1422 – 1492) x Marguerite van Borselen (†1510)
      Nous espérons avoir ainsi fait un pas en avant en matière de généalogie des Gruuthuse. D’autres pourrons peut-être y exercer leur sagacité et y ajouter leur savoir.
      Andries Van den Abeele
      (Texte paru en néerlandais dans: Vlaamse Stam, novembre 2007, pp. 621-629)
    ID personne I108769  Généalogie Méresse et Facon
    Dernière modif. 9 nov 2021 

    Père Lambert DE BRUGES 
    ID Famille F9652  Feuille familiale  |  Tableau familial

    Famille Gisèle (Marguerite) DE GHISTELLE 
    Enfants 
     1. Geldof (Guildolf) DE BRUGES
    Dernière modif. 9 nov 2021 
    ID Famille F9651  Feuille familiale  |  Tableau familial