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- #Générale#La famille le RICHE nous paraît originaire de la Bourgogne ; du Gâtinais nous vient le plus ancien document qui le concerne. Par un acte du mois de novembre 941 [Mabillon, annales Ord. S. Benedicti, III, page 711 - Prou et Vidier, Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Germain-sur-Loire, I, page 121],
LISIARD, seigneur de Sceaux en Gâtinais en 941, religieux à Saint-Benoît-sur-Loire à son décès. Il donne au monastère de Saint-Benoît-sur-Loire son domaine de Sceaux en Gâtinais avec les églises, les manoirs et les serfs qui en dépendent. Mais c'est un acte de précaire avec réserve d'usufruit pour son fils Joseph, sa fille Elisabeth et le fils aîné de celle-ci, s'il vient à naître d'un mariage légitime. On voit qu'Elisabeth, à cette date, n'est pas encore mariée, et Joseph lui-même est simple acolyte ; ce sont deux enfants dont Lisiard réserve les droits sur la portion de ses biens donnée par lui à Saint-Benoît au moment où il prend l'habit religieux au monastère de Fleury. Comme témoignage de possession, il cède immédiatement audit monastère l'église de Montlion et celle de Prunoy pour lesquelles les moines paieront un cens. Il n'est pas téméraire d'identifier l'acolyte Joseph de 941 avec l'archevêque de Tours, Joseph II, qui siégea de 952 à 960. Quant à Elisabeth, c'est sûrement la mère de Renaud II, évêque de Paris, car précisément ce prélat et son père, le comte Bouchard, comme le prouve un diplôme confirmatif de Robert le Pieux, daté du 19 avril 998 [Archives nationales, K 18, numéro 2.4], disposèrent de l'église de Sceaux en Gâtinais en faveur de Saint-Maur-des-Fossés; l'obit de Renaud fut établi par les religieux sur leurs revenus de Sceaux [Eudes de Saint-Maur, Vie de Bouchard, p. 32] ; l'inexécution de l'acte de précaire de 941 n'a rien qui puisse surprendre. Cet acte présente de fort intéressantes particularités. L'ordre des signataires est le suivant : immédiatement après le donateur et le comte Hugues (Hugues le Grand, comte de Paris, de Sens et d'Auxerre, à qui le duché de France ne fut donné qu'en 943), vient un comte Thion, visiblement le même qui, en 925, n'était que vicomte de Paris. Il souscrit avant Joseph, fils du donateur : c'est donc le tuteur désigné des enfants de Lisiard. Après lui ,quatre comtes : Bernard (de Senlis), Thibaud (de Tours, qui souscrivait comme vicomte avec Thion en 925), Foulques (d'Anjou), Geoffroy (du Gâtinais) ; puis Raoul (de Valois, le mari de Ledgarde, fille de Thibaud) ; Aimon (le futur époux d'Elisabeth et premier comte de Corbeil) ; Fromond (vicomte de Sens), Rainard (le fils de ce vicomte, en 949 premier comte héréditaire de Sens), et cinq autres vassaux de Hugues. Par cette réunion de personnages de marque, on peut juger du rang de Lisiard, qui les convoqua comme garants du précaire accordé à ses enfants. C'était certainement un chevalier de Hugues le Grand, et selon toute apparence, dit M. Depoin, "il se rattache à l'ascendance d'Ansoud Le Riche, dont la famille fut la seule au XIe siècle à relever le prénom de Lisiard" [Cf. J. Depoin, Essai sur la chronologie des évêques de Paris de 768 à 1138, pages 19 et suivantes]. On sait par les chartes de Cormery qu'Elisabeth eut d'Aimon de Corbeil, son premier mari, un fils qui fut abbé de ce monastère et s'appelait Thibaud : il portait un prénom de clergie, c'est-à-dire un prénom tiré de la famille de sa mère. La présence à l'acte de Lisiard du comte de Tours, Thibaud le Tricheur, et de son gendre Raoul, permet de supposer une alliance entre ceux-ci et le donateur. Cette hypothèse expliquerait encore comment, dans chacune des branches de la famille Le Riche, apparaissent, à des intervalles éloignés, des Thibaud, tantôt chevaliers, tantôt clercs [Cf Depoin, op. cit., page 20]. Outre Thibaud, Elisabeth eut encore de son premier mariage un fils nommé Maurice, dont le gendre devint comte de Corbeil. Son mari étant mort [Voir, sur Aimon de Corbeil, l'étude sur Aimon de Paris, châtelain de Dordogne, publiée par J. Depoin dans la revue des Etudes historiques en 1911-1912], elle épousa en secondes noces Bouchard, comte de Vendôme, puis de Corbeil, de Melun et de Paris : cette nouvelle union n'est guère postérieure à 960, car leur fils Renaud, nommé avec son père dans une charte de 976, devint chancelier de France en 989 ; leur fille Elisabeth épousa en 985 Foulques Nerra, le futur comte d'Anjou. A la fin de l'année 1006, Bouchard se retira à Saint-Maur-des-Fossés dont son beau-fils Thibaud était abbé, et il y mourut le 26 février 1007 selon les uns, 1012 selon d'autres chroniqueurs [Eudes de Saint-Maur, Vie de Bouchard le vénérable, pages XI à XX]. Elisabeth le suivit de près dans la tombe et fut inhumée à ses côtés : le nécrologe de Notre-Dame de Paris [Aug. Molinier, Obituaires de la province de Sens, 1, p. 177. - En 1006, le 2 décembre, Jean XVIII confirma au chapitre le fief de Larchant situé dans le pays et comté de Gâtinais avec ses forêts, bois, branche le RICHE de PARIS - 2 villages, hameaux, vignes, prés, terres cultivées et friches et aussi avec l'église dédiée à Saint Mathurin, y compris ses dépendances (Archives nationales, S 305, liasse 3, original. - Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, I, p. 223. - Gallia christiana, VII, instr., col. 26)] rappelle que, d'accord avec son fils Renaud, elle donna au chapitre Larchant qu'elle avait sans doute recueilli dans la succession de Lisiard. Lisiard, avons-nous dit, réserva les droits d'Elisabeth et de Joseph sur la portion de ses biens donnée par lui à Saint-Benoît : eut-il d'autres enfants qui furent dotés sur la portion réservée ? La chose est fort possible et peut être faut-il lui donner également pour fils Ansoud, officier de Hugues le Grand, qui figure notamment dans un acte non daté de ce duc pour l'église de Chartres [Historiens de France, IX, p. 734] ; dans la postérité d'Ansoud, le prénom de Lisiard se retrouve à chaque génération pendant plus d'un siècle et on le chercherait vainement ailleurs [lu dans Annales de la Société Historique & Archéologique du Gâtinais, tome XXX, Fontainebleau, 1912].
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