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- #Générale#Extrait du Miroir des Nobles de Hesbayes de jacques Hemricourt:
519. Chis Henrys ly Damheaz de Flemale soy mariat en linage de Preit, à Liege, et out des tres beaz
enfans, assavoir quatre fis et trois filhes. Ly ainsneis de cest quatre fis fut nomeis Wilhelmes de
Flemalle, esquevin de Liege; se morit sains hoirs al batailhe à Nyerbonne, deleis Huy. Et Johan, ses
freires, morit assy alle dit batailhe de Nyerbonne, et fut esquevin de Liege; se soy mariat à
damoyselle Angnès, filhe saingnor Goseal Paiien de Warséez, esquevin de Liege, qui ly tionnat son
eskevinage; et orent dois fis, Henry Dameheaz et Gossewien.
« La veuve du plus jeune était fort courroucée et affligée de la mort de son mari, qui lui avait laissé
quatre très beaux enfants. Elle recourut à son neveu Guillaume Cossen, chevalier bien fait, fort et hardi,
et fit tant, par ses pleurs et ses larmes, qu'elle lui fit entreprendre la vengeance de la mort de son mari.
Ce Cossen demeurait en Vivegnis, près Liège, en dessous des vignes, en un lieu nommé
Beauvegnis, dans une maison basse, mais il y avait bonne eau à l'entour, et un pont-levis, et il avait
quantité d'amis à Liège. Il avait appris qu'il y avait à Fragnée, au-dessus d'Avroy, trois frère du lignage
de Sclessin, dont l'un, Warnier, s'était vanté d'avoir tué le damoiseau de Flémalle, à la bataille de
Loncin. Ces trois frères de Sclessin demeuraient dans une tour forte en bois, et ils étaient hardis et
entreprenants, ce qui ne rassurait pas trop Messire Cossen. Aussi ce dernier s'adressa à son cousin
Thomas d'Hemricourt, qui était marchand de vins, et avait beaucoup de connaissances. Il le pria de
l'aider à venger ses oncles, ce à quoi il était tenu par le sang et le lignage. En effet Thomas
d'Hemricourt était fils de Damoiselle Clémence, cousine germaine des trois frères de Flémalle tués à
Loncin.
Ce Thomas était un homme puissant de corps et réputé comme sage et de bon conseil. Mais il
répondit à Guillaume Cossen qu'étant marchand, il ne pouvait laisser son commerce pour entrer dans
ces guerres. Il lui offrait néanmoins de l'aider de ses bons conseils. Cette réponse ne plut guère à
Guillaume Cossen qui se mit en colère, et lui dit que son grand corps et sa grande force étaient bien
mal employés, puisque ses amis et parents ne pouvaient en tirer profit, et il le semonça si bien qu'il
finit par l'attirer dans son parti. Il obtint encore plus, car il lui fit quitter les armes d'Hemricourt pour
prendre celles de Hozémont à l'écu d'argent à une ruture de sable. C'était d'ailleurs l'usage de prendre
les armes de la branche parente qu'on allait venger.
Thomas d'Hemricourt ayant ainsi pris parti dans la guerre, dit à Guillaume Cossen qu'il connaissait
deux frères à Liège du lignage de Flémalle, qui étaient forts, hardis, entreprenants, bons nayveurs
(bateliers ?) et bons arbalétriers. Comme ils n'étaient pas riches, il croyait qu'on pouvait les avoir
facilement. On les fit venir, et il fut convenu qu'ils appareilleraient de nuit un bateau sur la Meuse, au
vivier au bout de Souverain-Pont, bateau dans lequel entreraient bien armés de leurs arbalètes,
Guillaume Cossen et Thomas d'Hemricourt avec une douzaine de leurs amis.
Cela étant, on devait les conduire sûrement jusqu'à Fragnée, ce qui fut fait. Ils sortirent alors du
bateau et se rendirent à la tour des frères de Sclessin. Arrivés là, ils taillèrent et coupèrent les poteaux
des angles, et la tour s'écroula. L'un des trois frères de Sclessin put s'enfuir, et les deux autres furent
tués. Le troisième échappé fut tué trois semaines après, dans la cuisine de l'abbé de Saint-Gilles, où il
se croyait bien en sûreté. »
Cette vengeance de la mort des trois frères de Flémalle et la destruction de la tour de Fragnée est
l'un des nombreux épisodes intéressants de la guerre des Awans et des Waroux. C'est pourquoi nous
l'avons rapporté ici, en suivant pas à pas le récit de Jacques d'Hemricourt.
Le plus jeune des trois frères de Flémalle, Henri le Damoiseau avait un fils nommé Beauduin qui
épousa Elisabeth de Horion et mourut en 1365.
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