Notes |
- #Générale#LOUIS IV d'Outre-Mer
(né le 10 septembre 921, mort le 10 septembre 954)
Roi de France (Francie occidentale) : règne 936-954
Surnommé d'Outre-Mer parce que la reine Ogive, sa mère, l'avait conduit en Angleterre, où il fut élevé, Louis IV était fils de Charles le Simple. Les factions qui détrônèrent ce roi et qui le retinrent prisonnier jusqu'à sa mort donnèrent successivement le trône à Robert et à Raoul ou Rodolphe de Bourgogne ; celui-ci régna treize années, pendant lesquelles le jeune Louis resta en Angleterre sans qu'on pût supposer qu'il avait des partisans en France.
Mais, à la mort de Raoul, Hugues le Grand et Herbert, comte de Vermandois, trop puissants pour ne pas se haïr et craignant les chances d'une élection qui aurait favorisé l'un au détriment de l'autre, s'accordèrent pour renoncer à la couronne, qu'ils firent offrir au jeune Louis.
Les ambassadeurs ne furent pas d'abord très bien accueillis ; Adelstan, roi d'Angleterre, frère de la reine Ogive, n'osant confier son neveu aux hommes qui avaient détrôné Charles le Simple, ils durent donner des otages pour avoir un roi dont ils ne se souciaient pas. Louis descendit à Boulogne, où Hugues le Grand, à la tête des principaux seigneurs, vint le recevoir. De là, il fut conduit à Laon, où l'archevêque de Reims le sacra le 19 juin 936 ; ce prince avait alors seize ans.
Comme il croyait avoir l'obligation de son retour à Hugues, il le choisit pour premier ministre ; mais ayant atteint sa majorité, il voulut gouverner par lui-même ; dès lors Hugues, traitant son souverain en égal, se rapprocha d'Héribert et s'allia à l'empereur d'Allemagne Othon le Grand, en épousant sa sœur. Les principaux seigneurs se liguèrent avec lui contre le roi, dès qu'ils virent ses prétentions de secouer leur joug. Louis n'eut d'allié à leur opposer que le comte de Flandre Arnolfe, rival d'Héribert, le comte de Besançon et l'archevêque de Reims.
Le pouvoir direct de ce monarque ne s'étendait pas au delà des comtés de Laon, de Soissons et de Reims. Dans la première de ces villes, Louis fit bâtir une tour qui a gardé son nom. Les hostilités éclatèrent en 938. Hugues et Héribert se déclarèrent vassaux d'Othon, et le roi finit par n'être plus soutenu que par l'archevêque de Reims. Othon arriva en France et refoula Louis jusqu'en Bourgogne (940).
Celui-ci se rendit alors dans le Midi, à Vienne, puis à Poitiers pour faire lever les populations en sa faveur. Il y réussit. Le pape Etienne VII intervint en sa faveur. Plusieurs seigneurs consentirent alors à recevoir le roi. Othon travailla même à son rétablissement, car Louis était devenu son beau-frère par son mariage avec Gerberge, veuve du duc Giselbert.
Formé à l'école du malheur, ce prince avait du courage, beaucoup de résolution ; et s'il manqua quelquefois de prudence, c'est qu'il était difficile de se posséder toujours dans une position aussi difficile que la sienne. Ses conquêtes réunissaient contre lui les grands, qui ne voulaient point d'un roi capable de les faire obéir : s'il était assez heureux pour en soumettre un, aussitôt les autres, oubliant leur animosité réciproque, se réunissaient pour défendre leur indépendance.
La paix ayant été jurée en 942, de nouveaux orages éclatèrent. Guillaume Longue épée, duc de Normandie, étant mort, Louis tenta de s'emparer de ses Etats sur son jeune fils Richard ; mais, contraint de donner l'investiture à l'enfant, il enleva celui-ci dans son palais sous prétexte de le faire élever, ce qui devint le signal d'un bouleversement en Normandie. Le parti païen leva la tête, Louis en triompha.
Le jeune Richard fut arraché à la cour de France et Hugues prit sa défense. Louis offrit alors à celui-ci le partage de la Normandie. L'adresse d'un chef normand, Bernard le Danois, fit échouer ce plan de conquête. Des Danois vinrent d'outre-mer au secours des Normands. Hugues abandonna le parti du roi, qui lui rendit parjure pour parjure. Il appela à son secours Othon, qui arriva avec une grande armée à Cambrai, et les deux monarques, de concert avec Conrad d'Arles, marchèrent sur Laon, qu'occupait Thibaud, de Chartres, allié d'Hugues. Celui-ci évacua Reims.
La guerre se prolongea ; Hugues avait pour lui les Normands, Louis les Lorrains. Enfin le premier finit par se reconnaître vassal du roi. Le reste de la vie de Louis se passa dans de petites guerres contre des, seigneurs moins puissants.
Louis d'Outre-Mer, renversé de cheval en poursuivant un loup, mourut à Reims des suites de cette chute le 10 septembre 954. Il est avec raison compté au nombre des princes qui auraient honoré le trône dans des temps plus heureux ; mais l'esprit de désordre pendant son règne était si général que la reine Ogive, sa mère, dont le courage et la prudence lui avaient sauvé la vie, piquée dans sa vieillesse de n'avoir pas obtenu de son fils une grâce qu'il n'était peut-être pas en son pouvoir de lui accorder, se fit enlever et épouser par l'héritier de ce même comte de Vermandois qui avait retenu sept ans Charles le Simple dans la prison où il mourut.
Louis d'Outre-Mer laissa deux fils de son mariage avec Gerberge, Lothaire, qui lui succéda, et Charles, qui n'eut point d'Etats en partage, les domaines royaux étant trop faibles pour être divisés. Les lettres étaient si peu cultivées sous le règne de ce prince, que le comte d'Anjou, Foulques le Bon, seigneur très religieux qui aimait à chanter au lutrin, passait pour un homme plein de savoir. Ce comte, ayant appris que le roi s'était moqué de lui à cette occasion, eut l'impudence d'écrire au monarque : " Sire, sachez qu'un prince non lettré est un âne couronné. "
|