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- #Générale#Nicéphore II Phocas
L'empereur Nicéphore II PhocasNicéphore II Phocas (912 † 969) est un grand général de l'empire byzantin qui accéde au trône et devint un empereur contesté. Il régne de 963 à 969.
Origines :
Nicéphore appartient à une famille de Cappadoce qui a donné à Byzance plusieurs autres généraux. Il est né vers 912 et rejoint l'armée assez jeune. Son grand-père, prénommé aussi Nicéphore, sétait illustré en Italie et en Sicile doù il avait chassé les Maures dAfrique du Nord sous Basile Ier. Sous Léon VI, il combattit les Bulgares, un de ses fils et oncle de Nicéphore, Léon Phocas, avait été domestique des scholes, commandant en chef des armées dans la guerre contre les Bulgares et avait même tenté dusurper le trône de Constantin VII. Léon avait été stoppé par Romain Lécapène. Un autre de ses oncles, du côté maternel, était saint Michel Maléïnos, higoumène au mont Kyminas. Le père de Nicéphore, Bardas Phocas, avait combattu les Sarrasins et était devenu un vrai héros populaire. Il avait aidé aussi Constantin VII à recouvrer son pouvoir abandonné aux Lécapène.
Nicéphore a deux frères. Le premier, Constantin, stratège de Séleucie, est fait prisonnier par les Hamdanides en 949 et meurt empoisonné dans un cachot 6 ans plus tard selon Kedrenos. Le second, le curopalate et stratège de Capadoce Léon Phocas, le remplace comme commandant sur la frontière orientale.
Premiers Exploits militaires :
Sous Constantin VII, il devient stratège des Anatoliques en 946 [1] et est nommé domestique des choles en 955. Dans la guerre contre les Sarrasins, il commence par une sérieuse défaite en 956, qu'il fait oublier par ses victoires en Syrie les années suivantes.
Constantin VII le nomme magister et grand domestique des scholes dOrient, ce qui en fait le commandant des forces impériales en Asie.
L'expédition en Crète :
Depuis sa conquête par les Sarrasins en 824, la Crète est devenue la base arrière de pirates pillant le pourtour des terres byzantines. Leurs expéditions sont sanglantes et sans pitié comme celle de 904 sur Thessalonique racontée par Jean Carméniate. Dès 825, les Byzantins tentent de reprendre lîle, mais toutes les tentatives sont des échecs. En tout, cinq tentatives ont lieu avant 960 ; la dernière, commandée par Constantin Gongyle, à la fin du règne de Constantin VII est un désastre. Les pirates ruinaient le commerce des ports byzantins, aussi Joseph Bringas, le parakimomène, chef du Sénat et vrai détenteur du pouvoir impérial sous Romain II, décide dune nouvelle expédition. Il plaça à sa tête le meilleur général de lEmpire : Nicéphore Phocas. Bringas doit vaincre lopposition du Sénat qui voit, non sans raison, dans Nicéphore un possible usurpateur du trône impérial tant il est populaire.
Lépoque est favorable à une action sur la Crète, les Musulmans étant alors désorganisés et empêtrés dans des guerres intestines.
Nicéphore mène lexpédition sur la Crète, ravage Candie après un siège de dix mois et élimine la présence sarrasine de l'île.
Campagne en Orient :
Après avoir reçu les honneurs rares du triomphe et être fait domestique des scholes dOrient (il remplace son frère Léon à ce poste), il retourne dans l'Est avec une armée forte et bien équipée durant lhiver 961-962. Il s'empare en 962 d'Anarzabe et Sis en Cilicie, passe ensuite en Syrie du nord et enlève à l'émir Hamdanide Saïf el-Dwala la ville d'Alep (23 décembre 962) qui est impitoyablement saccagée. Mais ne pouvant s'emparer de la citadelle il quitte la ville et rentre en Cilicie. Le thème de Séleucie est alors reformé.
Après être allé à Constantinople recueillir la couronne impériale 963, Nicéphore dirige une seconde opération contre les Hamdanides, qui règnent à l'époque sur la Syrie du nord et sur Mossoul, au moment même où les Bouyides de Bagdad prennent à revers ces derniers. Nicéphore dans un manifeste adressé à la cour de Bagdad annonce ses intentions avec clarté, reprendre Antioche puis Damas et renvoyer les Arabes dans leur patrie d'origine l'Arabie. Enfin il souhaite reprendre Jérusalem. Manifeste d'une certaine façon prémonitoire puisqu'il annonce les croisades. Il ne fait pas de conquêtes permanentes. C'est durant cette campagne que lui est donné le sobriquet « la mort pâle des Sarrasins ».
Règne :
Accession au trône
À la mort de Romain II dans des circonstances suspectes, il retourne à Constantinople pour se défendre contre les intrigues engendrées par le ministre Joseph Bringas. Avec l'aide de Théophano, la jeune veuve de l'empereur, qui veut protéger la vie de ses enfants, et du patriarche, il reçoit le commandement des forces orientales et est proclamé empereur par le Sénat puis par l'armée le 3 juillet 963 devant Césarée.
Après un soulèvement populaire contre Bringas à Constantinople, Nicéphore Phocas fait son entrée dans la ville et y est couronné le 16 août au côté des fils de Romain II. Le 20 septembre, il épouse Théophano malgré l'opposition de son fils, le patriarche Polyeucte (il initia une procédure de nullité de mariage plus tard).
Poursuite des conquêtes :
Au cours de son règne, il continue les campagnes militaires. De 964 à 965, il conquiert définitivement Tarse, Massissa et la Cilicie pendant que le patrice Nicétas Chalcoutzès reprend Chypre aux Musulmans (964/965). En 966 il ravage la Mésopotamie jusqu'a Nisibe puis s'enfonce en Syrie ou il s'empare de la place forte d'Arta entre Alep et Antioche. En janvier 967 la mort du prince Hamdanide d'Alep, Saïf el-Dwala, remplacé par son fils l'incapable Saad el-Dwala renforce la position de Nicéphore. En 968, il réduit la plupart des forteresses de Syrie et après une victoire devant Alep Nicéphore s'empare de Maarrat el-Numan, Kafartab, Shaizar, dont il réduit en cendre la grande mosquée, puis Hama et Homs laquelle est livrée aux flammes. Après le saccage de la vallée de l'Oronte le Basileus s'approche de la côte libanaise et prend Jabala, Arqa, Tortose et reçoit la soumission de Lattaquié(Laodicée). L'expédition est un succès et l'empereur retourne à Constantinople avec un butin considérable et sans doute plusieurs dizaines de milliers de captifs. Il charge son neveu Pierre Phocas et le stratège Michel Bourtzès du blocus d'Antioche. Suite à une attaque surprise de Michel Bourtzès sur la garnison de la ville le 29 octobre 969 la ville est prise définitivement le 1er novembre 969 avec l'intervention de Pierre Phocas. La reconquête d'Antioche par les Byzantins marque le couronnement de la croisade grecque. La ville constitue pendant plus d'un siècle la place forte de l'empire dans la région. En décembre 969 ou janvier 970 Pierre Phocas prend à nouveau la ville d'Alep (ou un usurpateur Kargouya a chassé Saad el-Dwala) sauf la citadelle et se contente d'obtenir une promesse de vassalité ainsi que de relever toutes les églises chrétiennes.
Nicéphore est moins heureux en Occident. Après avoir renoncé au tribut des califes fatimides, il envoit une expédition en Sicile (964-965), mais les défaites infligées sur terre et sur mer le forcent à quitter l'île. En 967, il fait la paix avec le Sarrasins de Kairawan pour mieux combattre Otton Ier du Saint-Empire qui attaque les possessions byzantines en Italie. Nicéphore doit faire retraite.
Du fait de ses campagnes militaires et de la maintenance d'une armée puissante, Nicéphore doit exercer une politique fiscale rigide. Il réduit les largesses de la cour et met fin aux exemption d'impôts du clergé. Bien qu'il se considère lui-même comme un ascète, il interdit la fondation de nouveaux monastères.
La trahison :
Les impôts trop élevés, la dépréciation de sa monnaie,rendent Nicéphore très impopulaire et en 967 un mouvement de foule hostile à son encontre éclate lors d'une procession.
Nicéphore, trop âgé, n'est pas un mari séduisant pour Théophano qui le trompe avec Jean Tzimiskès. Elle ne tarde pas à initier un complot contre lui avec l'aide de son neveu et de Tzimikès. Ce dernier était assigné à résidence dans ses terres dArménie par Nicéphore sous linfluence de son frère devenu curopalate. Tzimiskès, en plus de subire la discgrâce de se voir retirer le commandement de ses armées est fait logothète de la course publique (responsable des postes). Théophano, dont Nicéphore était passionné, parvient à faire lever la disgrâce.
Les suivantes de Théophano font entrer un détachement commandé par Tzimikès dans le palais impérial de Boucoléon le 11 décembre 969. Ce groupe était composé de huit à dix hommes dont Michel Bourtzès, stratège disgrâcié, Léon Pédiasomos, un autre patrice, Leo Abalantés, taxiarque, Téodore le Noir.
Ils poignardent Nicéphore pendant son sommeil. Sa tête est tranchée et exposée en public, son corps est jeté dans la neige. Peu après, ses restes sont ensevelis discrètement aux Saints-Apôtres dans un sarcophage sur lheroon de Constantin. Abalantés est désigné comme coupable et bouc-émissaire ; il est exécuté peu après.
Il reste une incertitude sur les motivations de Théophano. Selon certains chroniqueurs, elle a agi pour un motif purement crapuleux ; dautres chroniqueurs, tel Manassès, la dédoinent entièrement et parlent de la menace que faisait peser Nicéphore et son frère sur les enfants de Théophano. Cette dernièrer craignant de voir ses fils mutilés et exilés dans un monastère aurait alors fait appel à Tzimiscès.
Nicéphore Phocas vu par les chroniqueurs byzantins :
Les chroniqueurs byzantins sont clairement divisés sur Nicéphore. Certains, comme Léon Diacre, lui sont très favorables, alors que dautre comme Jean Skylitzès, Geogios Kédrénos ou Jean Zonaras ne mâchent pas leurs mots dans le mépris quils ont pour lui. Ainsi Skylitzès doute-til fortement de son apparente vertu et de son austérité. Il raconte lavènement de Nicéphore :
« Le 20 septembre [963], levant le masque quil avait pris et cessant de jouer la comédie, il épousa en justes noces Théophanô. À cette occasion, il prit aussi de la viande alors quauparavant il sabstenait den manger depuis que Bardas, le fils quil avait eu de sa première épouse, prenant de lexercice à cheval dans la plaine avec son neveu Pseulès, était mort dun coup de lance donné involontairement. Nicéphore faisait-il cela par abstinence vraie ou bien jouait-il la comédie afin de tromper les gens au pouvoir à lépoque ? »
Ces attaques portent aussi sur son aspect physique et sa manière dêtre. Ainsi Kédrénos décrit Nicéphore comme petit, gros, avec de larges épaules. Il le décrit aussi dune humeur sombre et taciturne et cependant voué aux passions. Ses panégyristes y voyaient plutôt de la sagesse et de la sévérité ainsi qu'un haut sens de la justice. Ainsi Léon Diacre écrit-il que « Nicéphore était un juste, un scrupuleux observateur de la loi ». Mathieu dÉdesse dans sa Chronique fait léloge de son humanité : « Cétait un homme de bien, saint, animé de lamour de Dieu, plein de vertu et de justice, et en même temps brave et heureux dans les combats. Miséricordieux pour tous les fidèles du Christ, il visitait les veuves et les captifs et nourrissait les orphelins et les pauvres. » Plusieurs chroniqueurs attestent de sa piété. Saint Athanase, moine au Mont Athos, était très lié à lui et le poussait à devenir moine. Ce dernier fut récompensé de cent livres dor pour avoir prédit la victoire de Nicéphore sur les Arabes.
Cette opposition des historiens est sans doute renforcée par le fait que Nicéphore accorde, non sans raisons, de nombreux subsides à larmée et dépouille le Sénat et les monastères. Skylitzès nous fait aussi le récit de sa fin de règne où Nicéphore passe pour développer un état desprit paranoïaque. Ainsi écrit-il que Nicéphore fait construire un mur autour du palais et « une citadelle doù il put exercer sa tyrannie sur les malheureux citoyens ». Il finit par critiquer sa brutalité envers les citoyens de Constantinople dont il avait finit par se faire détester ainsi que son avarice.
Sources :
Jean Skylitzès, Synopsis historiôn, p. 260-283
Gustave Schlumberger, Un empereur byzantin au dixième siècle : Nicéphore Phocas, éd. Boccard, 1923
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